Les forgerons du Vaudou
Salut c'est Spiruline
J'aimerais vous parler aujourd'hui d'un art carribéen dont je suis dingue : la sculpture sur métal découpé des forgerons du vaudou. Cela nous vient d'Haïti , je dirais même du génie de la récup' haîtienne .
Voilà ce qu'en dit René Depestre, un romancier haïtien (que j'adore également ), ( prix Renaudot 1988) :
"Au-delà de l'exubérance de formes, c'est le génie inventif et créatif de tout un peuple qui est ici magnifié."
Jugez en plutôt :
sculptures de Bosmétals source http://www.enfants-soleil.org/
Seulement quand on parle de Haïti, le vaudou n'est jamais bien loin . Il faut savoir que ces oeuvres ont un lien très étroit, du moins à l'origine , avec le vaudou . ( Portaits de personnages, de loas , ( les dieux vaudous ), de scènes de cérémonies ou de symboles vaudous etc )
Une de mes amies me racontait qu'elle avait fait l'acquisition d'une de ces oeuvres en fer découpé et qu'elle avait dû s'en séparer vu les déboires inexpliqués qui lui étaient tombés dessus . Pure coïncidence ou loa malveillant ?
En tous cas, tout rentra dans l'ordre dès qu'elle se fut débarassée de sa sculpture ! :-) J'en vois qui rigole dans le coin mais, avertie de la chose, j'ai acheté pour ma part une sculpture sans représentation vaudouisante , du moins à ma connaissance ,un bel arbre stylisé de J Rony J , que j'ai placé sur ma véranda et tout l'instant tout baigne ! Sauf qu'on a eu des phoques en Guadeloupe mais pas de neige encore rassurez vous . :-)
Un petit historique du mouvement artistique:
Les forgerons du vaudou ( source Humanité presse ) Article de Frédéric Durscaso
C’est dans l’île de Haïti que sont apparus les " bosmetal " - artisans du fer - sorte d’hérauts de la culture populaire dans cette région extrêmement pauvre. Un pauvreté qui, chose n’est pas coutume, est à l’origine d’un forme artistique des plus originales et fascinantes. En effet, en 1953 à Croix-des-Bouquets - vers Port au Prince - devenu un des grands lieux actuels du vaudou, Dewitt Peters découvre, dans le cimetière, des croix ornées de motifs religieux étranges - les vévés - traditionnellement tracés sur le sol à l’aide de poudres de couleur. Ces ornements bien particuliers sont l’ouvre d’un simple forgeron, Georges Liautaud, que Peters va convaincre de devenir sculpteur : de leur rencontre est né un nouvel art. Le problème réside alors dans la fourniture des matières premières. Qu’à cela ne tienne, la solution est toute trouvée : la récupération de gros bidons de fioul en fer hors d’usage appelés les dwoums - transformation créole de l’anglais drums. Peut donc se mettre en place un véritable circuit : ces bidons sont passés au feu, nettoyés, coupés et aplatis à la force des bras et des jambes, puis transformés en plaques de quatre mètres carrés et ronds de soixante centimètres de diamètre. Le bosmetal rentre alors en scène : il trace à l’aide d’une craie blanche ou d’un clou une esquisse, coupe la plaque selon ce dessin avec l’aide de ses aides et apprentis, puis affine son ouvrage en ajoutant les détails ou le relief. Liautaud réunit vite autour de lui des élèves, dont les plus importants sont Serisier Louis-Juste, Gabriel Bien-Aimé, les frères Balan, assurant ainsi la pérennité de cet art. Les motifs représentés sont fortement inspirés de la culture vaudou. Preuve en est Serge Jolimeau dont les ouvres constituent la majeure partie de l’exposition d’été de l’Abbaye de Daoulas consacrée aux bosmetal. En effet, ses sculptures, magnifiquement ouvragées, illustrent des scènes ou des créatures réalistes ou mythologiques telles que des sirènes, des licornes, des lions, des anges, des hippocampes, des arbres de vie, des soleils éclatants ou des oiseaux espiègles. Tout ceci avec une grâce et une sensibilité qui dégage un sentiment d’harmonie et de merveilleux nous rappelant que nous sommes ici bien loin d’un quelconque art naïf. Il faut dire que Serge Jolimeau fut élève de l’un des maîtres du bosmetal, Serisier, dès l’âge de douze ans avant d’entrer au Centre d’Art en 1972. Né à Croix-du-Bouquet, il y vit toujours et ses ouvres sont les plus convoitées par les collectionneurs américains et européens. N’hésitez pas, vous ne regretterez pas d’avoir erré dans le parc et le cloître de l’Abbaye en quête de ces sculptures majestueuses et d’une culture populaire bien vivace et peu commune.
Frédéric Durscaso
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Adan on dot soley !